1950-1960


3 - Hélène et Annick Lefeuvre (respectivement aujourd’hui Hélène Fabre et Annick de Moureyre) 

Je suis née à Shangaï en Chine en 1943. J'habite à Nantes et je suis actuellement retraitée. J'ai un fils de 53 ans (journaliste) qui habite au Japon depuis tout petit mais je n'ai pas de petits-enfants. (Hélène)

Je suis moi aussi née à Shangaï en Chine en 1941. J'habite désormais de nouveau à Nantes mais j’ai passé quarante-cinq ans ma de vie dans le Nord avec mon mari et nos cinq enfants. Et j’ai maintenant huit petits-enfants. (Annick)

 

A quelle époque étiez-vous élèves à la Perverie ?

Hélène. J’étais à la Perverie durant les années qui ont précédé mon départ pour le Japon avec mon père en 1953. Puis j’y suis revenue une fois adulte des décennies plus tard.

Avant cela mon parcours m’avait menée en Angleterre (durant 3 ans), à Paris (où mon fils Olivier est né en 1967), en Inde où j’ai vécu cinq années à Madras avant le grand retour au Japon… où mon fils habite toujours. Pendant 35 ans j’ai donc fait partie intégrante de la grande famille internationale du Sacré-Cœur à Tokyo et cela renvoie aux plus belles années de ma vie.

Annick. Je suis arrivée à la Perverie en Octobre 1949. Je l’ai quittée en juin 1953. J’y ai donc passé quatre ans, de la neuvième à la sixième, entre mes 8 ans et mes 12 ans.

 

Selon-vous qu’est-ce qui caractérisait cette époque ?

Hélène. Des présences bienveillantes. Une Mère qu’il m’est difficile d’oublier est en effet l’adorable Mère Teisseire. Pendant nos quelques années à la Perverie, elle a remplacé, pour ma soeur et moi, tout ce qui nous manquait, que nous n’avions pas et qui vivait á l’étranger, à savoir nos parents.

D’infatigables Sœurs se trouvaient là également. Elles étaient là pour beaucoup d’entre nous, assumant, au quotidien, toutes les tâches ingrates qui n’incombaient pas, à l’époque aux Mères.

Annick. J’étais trop jeune pour reconnaitre vraiment les caractéristiques particulières de cette époque d’autant plus que ma sœur et moi-même vivions et venions de l’étranger, plus ou moins installées avec notre mère et mon frère sur la côte d’Azur. Cependant la fin de la guerre n’était pas loin et des quartiers de Nantes étaient sous les décombres. Je me souviens que le Boulevard Guisteau était entièrement occupé par des baraques en bois rouges et blanches abritant des réfugiés. Au sein de la Perverie, on ne parlait pas du tout de la guerre qui venait de se passer.

 

Avez-vous une anecdote, un moment que vous n’avez pas oublié à partager avec nous ?

Hélène. Comment oublier ma première communion avec cette super copine d’Amérique du Sud : Iseult Escalier. Mère Teisseire nous avait mis chacune dans une chambre dédiée aux « grandes ». J’étais aux anges !

Mais le plus merveilleux et émouvant souvenir pour ma sœur et moi reste ce moment où Mère Teisseire nous a demandé d’aller dans le grand salon parce qu’une grande surprise nous attendait. C’était Papa. Il était là devant nous… On criait de joie … On pleurait … On n’y croyait pas !

Il était venu nous annoncer qu’il nous « kidnappait » pour nous emmener toutes les deux à Tokyo. A l’époque nous avons pris pour cela un immense paquebot tout blanc. Un rêve ! 

Annick. J’ai un souvenir féerique : celui du jour de la Rentrée où toutes les élèves ont été réunies sur et autour de l’escalier d’honneur entièrement recouvert de petites roses. Le ciel était magnifique. Plus tard, on nous a fait monter un escalier en vis dans une tourelle pour accéder à notre dortoir. Je me croyais dans un château.

Petite fille jusqu’alors dissipée, je me suis vite sentie « sécurisée » et je suis très vite « entrée dans le moule ». Au début, les religieuses tout de noir vêtues avec des tas de tuyaux blancs autour de la tête me faisaient un peu peur. Mais il n’y avait que bienveillance en elles ainsi que chez les Sœurs qui les assistaient. La Révérende Mère avait droit à une génuflexion quand on la rencontrait.

Très vite une Mère devint pour moi une vraie mère à qui je dois TOUT encore aujourd’hui. Mère Teisseire était Surveillante Générale du Primaire. Elle m’a prise en main, protégée, élevée comme une véritable mère. Même quand je l’ai quittée, nous sommes restées en contact et elle a continué à me guider jusqu’à sa mort il y a une quinzaine d’années.

Pendant les petites vacances, où quelques-unes d’entre nous ne pouvaient pas rentrer chez nous, elle ne nous laissait pas seules et perdues dans les grands dortoirs. Elle nous mettait d’office à l’infirmerie où une sœur nous apportait le matin notre petit déjeuner ! Puis, durant les longues journées, elle nous organisait de jeux de piste dans la grande maison ou dehors.

Parmi mes autres souvenirs je peux citer : les interminables parties de « Ballon Prisonnier », la récolte des châtaignes dans le bois de l’autre côté de l’étang… Sans oublier la traditionnelle remise des Rubans : petits ou grands, roses, bleus, verts… Quelle fierté quand on les recevait !

Il y avait aussi la très solennelle Remise de Prix à la fin de l’année scolaire avec les familles, mais surtout toutes les religieuses en grand complet qui apportaient les prix toutes gantées de noir !

Enfin comment ne pas parler innovation quand est arrivée la toute nouvelle télévision installée dans le réfectoire. Le 2 juin 1953 nous avons tous pu (élèves, religieuses, personnel…) visionner et vivre en direct le couronnement de la jeune Reine d’Angleterre, Elizabeth. Quelle émotion !

 

En quoi avoir été à la Perverie vous a aidées pour vos vies d’adultes ?

Hélène. Lorsque je suis revenue en France après 40 ans d’absence j’ai tout de suite pris le chemin de la Perverie et j’ai pris en main le début des Échanges internationaux entre écoles Sacré-Cœur du monde entier. Il y a en a plus de 150 dans le monde !

Annick. Vous comprendrez que l’éducation reçue à la Perverie, à une époque charnière de mon adolescence, a été fondamentale et que je suis éternellement reconnaissante de tout ce que les religieuses dans le cadre magnifique de la propriété m’ont donné. A savoir : une colonne vertébrale….

Les amitiés sont précieuses aussi. A part mes amies de neuvième, Geneviève et Guyonne de Mallmann, aujourd’hui décédées, je garde un vague souvenir de Béatrice de Beauregard, Catherine Pavie, Astrid Colin, ainsi que les sœurs Drouin qui habitaient de l’autre côté du parc….. Ce sont les seuls noms qui me reviennent en mémoire ce jour.

 

Quels sont selon vous les nouveaux défis que la Perverie doit relever ?

Annick. Comme pour toutes les Institutions d’éducation actuelle, je pense qu’avant de pousser nos jeunes vers une ouverture universelle indispensable, il faut absolument renforcer leur « colonne vertébrale » pour qu’ils sachent comment rester debout en toutes circonstances.

 

Enfin.... Quelle question, en lien avec votre vécu à la Perverie, auriez-vous.... aimé que nous vous posions ?

Hélène. Qui remercierez-vous si vous le pouviez ? Monsieur Bouissou pour m’avoir encouragée. Mais surtout : un immense merci à adresser à Madeleine-Sophie Barat. Pour les premières pierres qu’elle a posées


4- Soizic de la Boissière (née de Meynard)

Je suis née en 1943 à Nantes. J'habite à Avrillé près d’Angers. Je suis aujourd'hui en retraite après avoir été exploitante agricole (moutons et vergers de pommes et poires). Je suis mariée, j’ai trois enfants et dix petits enfants de 24 à 15 ans.

 

A quelle époque étiez-vous élève à la Perverie ? 

J’ai été à la Perverie de 1951 à 1961. J’ai donc mon passeport du Sacré-Cœur (obtenu après dix ans de présence). 

 

Selon-vous qu’est-ce qui caractérisait cette époque ? 

A cette époque, pas question d’être mal élevée et de répondre à tout bout de champ, il y avait de la tenue. La tradition était de rigueur avec des rites plutôt amusants : neuvaine des pommes de terre avant Noël, procession des Lys le 8 décembre, l’élection de la « Petite Marie » le 21 novembre... 

 

En quoi avoir été à la Perverie vous a aidée pour votre vie d’adulte ? 

Outre de bons souvenirs, j’ai gardé de très bonnes amies. Dès que l’on va quelque part, si l’on rencontre une « ancienne », c’est comme si on se connaissait depuis toujours.

 

Avez-vous une anecdote, un moment que vous n’avez pas oublié à partager avec nous ?


Je peux revenir sur les temps forts évoqués précédemment : La neuvaine des pommes de terre se passait pendant l’Avent. Au moment du Salut de Saint Sacrement. En entrant dans la Chapelle, nous prenions une pomme de terre dans une caisse si nous pensions avoir fait un effort pour Noël. Elles étaient après données à des personnes nécessiteuses, je crois.

Pour le 21 novembre, date de présentation au Temple, était choisie une élève du petit pensionnat pour représenter Marie. C’était une petite fille sage, Elle avait un voile pour aller à la Chapelle ce jour-là. Elle était seule sur un prie-Dieu devant l’Autel.

Le 8 décembre, il y avait une procession pour aller à la Chapelle. Nous avions un lys dans les mains et chantions « ô lys de la vallée, la plus belle des fleurs...... »

Je me souviens aussi des processions de la fête du Sacré-Cœur où nous dessinions dehors au sol des dessins à la sciure de bois colorée pour le passage du Saint Sacrement. Enfin, j’ai d’autres souvenirs : le papier d’argent (du chocolat souvent) que l’on donnait pour les missions en Afrique.  Sinon, quand nous étions en étude, nous prenions sur le bureau de la Surveillante une « planche » pour aller aux fontaines, autrement dit les toilettes. Enfin, l’Oratoire de Mater était à côté de la Chapelle, nous pouvions y aller pendant les récréations.


5 - Monique de Mallmann (née Ceillier)

Je suis née en 1943. J’étais la petite dernière d’une famille de quatre enfants, précédée de trois frères. J’habite depuis 45 ans maintenant à Ecully, près de Lyon. J’ai deux fils dont l’un est marié, vit à Aix-en-Provence et est père de quatre enfants. Mon autre fils vit en Asie, à Singapour.

 

A quelle époque étiez-vous élève à la Perverie ? 

J'ai été élève à la Perverie de 1955 à 1962

 

Selon-vous qu’est-ce qui caractérisait cette époque ? 

Avec ma vision d'adulte je me rends compte à quel point nous étions enfermées dans notre milieu social. On ne se mélangeait pas. Mais c'était l’époque qui voulait cela ! 

 

En quoi avoir été à la Perverie vous a aidée pour votre vie d’adulte ? 

Je crois que nous avons été forgées à notre vie d'adulte par une bonne éducation humaine, et religieuse, et faisant prévaloir un vrai sens de l'amitié ainsi que l'honnêteté.     

Avez-vous une anecdote, un moment que vous n’avez pas oublié à partager avec nous ? 

Une anecdote qui m'est restée en mémoire est liée au 8 décembre avec sa belle procession à la Vierge. Cela se passait au fond du grand couloir, au rez de chaussée. Nous portions ce jour-là les chemisiers blancs à manches longues qu'on ne mettait que les jours de fête ! quel merveilleux souvenir.   

 

Quels sont selon vous les nouveaux défis que la Perverie doit relever ? 

Les nouveaux défis à relever sont pour moi avant tout des défis humains. Laisser une place pour les autres et ne pas les manger. Promouvoir la tolérance et l’empathie qui sont des valeurs chrétiennes précieuses, même si l'époque rend les choses difficiles. 

 

Enfin.... Quelle question, en lien avec votre vécu à la Perverie, auriez-vous.... aimé que nous vous posions ? 

En gardez-vous bon souvenir ? Oui profondément. Avec des petites choses à modifier tout de même. 


6 - Myriam Collineau (née Ginoux de Fermon) 

Je suis née le 7 août 1946 à Angers. Je suis mariée avec Nicolas Collineau de Meezemaker depuis le 20 septembre 1969. Notre fille Ingrid, née en 1970, est décédée d'un problème cardiaque en 2007. Nos fils Marin et Tanguy sont respectivement nés en 1972 et 1974. Ils sont mariés. Nos petits enfants sont Donatien (né en 1998 et décédé dans un accident de la route en 2017), Bérénice (née en 1999), Armel (né en 2005), Juliette (née en 2007), Kazan (né en 2009) et Gabriel (né en 2012). 

J'habite à Chaudefonds sur Layon dans le Maine et Loire. J'étais professeur d'Anglais, en collège et lycée. Je suis à la retraite depuis 2006.

 

A quelle époque étiez-vous élève à la Perverie ? 

J'étais pensionnaire à la Perverie de 1958 à 1962. 

 

Selon-vous qu’est-ce qui caractérisait cette époque ? 

Ce qui caractérisait pour moi cette époque était : 

- Un décalage entre la vie des religieuses demi-cloîtrées et l'évolution de la vie dans l'après-guerre. 
- La sélection des élèves en fonction de leur milieu familial. 

- L'importance donnée à la religion dans l'éducation (une messe tous les matins, le salut au Saint Sacrement, la neuvaine des pommes de terre, la fête du 8 décembre…)

- Des professeurs dont les connaissances étaient parfois un peu limitées dans la matière qu'elles enseignaient.

 

En quoi avoir été à la Perverie vous a aidée pour votre vie d’adulte ? 

La Perverie m'a aidée dans le relationnel avec des jeunes filles de mon âge. J'avais davantage l'habitude de partager les activités des garçons car je n'avais que trois frères et pas de sœur. J'habitais la campagne, ma mère nous faisait travailler nos cours à la maison. 

La discipline rigoureuse des religieuses m'a certainement formatée également. 

 

Avez-vous une anecdote, un moment que vous n’avez pas oublié à partager avec nous ? 

Les anecdotes qui me restent sont plutôt des petites farces que nous faisions aux religieuses. Par exemple, en cours de mathématiques, à la question " X, récitez-moi le théorème de Chasles », la réponse de l'élève pouvait être : " Algérie Française, ma Mère".

 

Quels sont selon vous les nouveaux défis que la Perverie doit relever ? 

Je n'ai guère d'idée sur les nouveaux défis que la Perverie doit relever. Peut-être conserver une certaine rigueur dans la discipline et les comportements tout en acceptant la différence. 

 

Enfin.... Quelle question, en lien avec votre vécu à la Perverie, auriez-vous.... aimé que nous vous posions ? 

Quelles religieuses vous ont laissé un bon souvenir ? 


7 - Elisabeth Bexon (née de Meynard) 

Je suis née le 28 mai 1947 à Nantes. J'habite 84 rue Michel Ange à Paris mais je passe mes vacances en Anjou. Je me suis mariée en 1976 et ai 2 enfants : une fille, Marie-Caroline, qui a 42 ans est mariée et a 3 enfants (12 ans, 9 ans et 7 ans), tous vivant à Neuilly depuis septembre. J’ai un fils à Strabourg, Charles-Henry, né en 1981 qui est aussi marié et a une fille de 2 ans 

Je suis à la retraite, ayant travaillé comme secrétaire pendant quelques années.

J'ai eu la chance à ma retraite d'être orientée comme conférencière pour les enfants et j’ai pu faire visiter Notre Dame de Paris. Mais avec l'incendie tout s'est arrêté et c’est bien dommage car c'était une occupation merveilleuse, autant sur le plan religieux, architectural et missionnaire auprès des enfants. Le tout au sein d’une équipe de bénévoles exceptionnelle.

 

A quelle époque étiez-vous élève à la Perverie ? 

Je suis arrivée au Sacré-Cœur en 1955 et y suis restée jusqu'en 1963. 

 

Selon-vous qu’est-ce qui caractérisait cette époque ? 

La solidarité. Pour preuve, je garde toujours le contact avec tout un groupe de la Perverie. Ces années passées ensemble nous ont soudées et nous avons toujours un intérêt pour les unes et les autres. 

 

En quoi avoir été à la Perverie vous a aidée pour votre vie d’adulte ? 

Notre passage au Sacré-Cœur nous a appris à être à l'écoute de l'autre et à savoir entourer celle qui connait des difficultés ou des souffrances. Une spécificité du Sacré-Cœur est que lorsque nous retrouvons une personne dans une réunion, peu importe, nous arrivons toujours à avoir un point commun, un intérêt commun et la discussion se fait avec une très grande simplicité.

 

Avez-vous une anecdote, un moment que vous n’avez pas oublié à partager avec nous ?


Un évènement qui m'a beaucoup marquée : le 21 novembre il y avait la fête "de la petite Marie", elle était choisie par les Religieuses et elle en était la représentation dans la chapelle de Marie. Je dois dire que j'ai été très touchée par cette journée que j'ai vécue enfant et j'ai toujours un regard et une grande affection pour Marie.

 

Quels sont selon vous les nouveaux défis que la Perverie doit relever ? 

Je pense que, dans la mesure du possible (et en prenant en compte l'évolution si rapide de la vie), il faut garder cet esprit de prière et ce côté humain et très dynamique. Garder l'équilibre entre le travail, le sport et la religion me semble important également. 


8 - Annick de Beittignies (née Fayau)

Je suis née le 12 janvier 1947 à Nantes. J'habite dans cette même ville. Je suis maman de quatre enfants et grand-mère de huit petits-enfants. J'ai passé 11 ans à la Perverie et en ai gardé un excellent souvenir. 

 

A quelle époque étiez-vous élève à la Perverie ? 

Native de 1947, je suis arrivée à la Perverie en 1955 dans les petites classes (8ème) et j’y suis restée onze ans jusqu'au bac inclus (avec deux approfondissements – le redoublement de l’époque). Ma maman Denise Mosneron Dupin, née en 1910, avait été élève avec au moins une de ses sœurs à l'Eperonnière. Elle en avait gardé un excellent souvenir puisque ses quatre filles ont toutes été ensuite demi-pensionnaires à la Perverie.

Ma sœur aînée Odile de Dietrich aurait été beaucoup plus à même que moi d'évoquer ce vécu à la Perverie car elle a longtemps été Présidente des anciennes. Mais elle n'est malheureusement plus là pour en parler. 

 

Selon-vous qu’est-ce qui caractérisait cette époque ? 

Je dirais : discipline exemplaire, ponctualité, obéissance, loyauté, travail en continu…
Nous recevions un enseignement complet et avions de bons professeurs. Nous faisions le sport dehors en été, comme en hiver, peu importe la météo. Pratiquer la musique, le dessin ou le théâtre était possible pour celles qui le voulaient. 

Il y avait à l'époque beaucoup d'interdits plus ou moins lourds mais en tant que demi-pensionnaire c'était très supportable. L'uniforme, par exemple, était dans nos habitudes et n’était pas gênant du tout pour nous.

Sur le plan religieux c'était une autre époque également. Dans notre enseignement, il était surtout question de pêché et moins d'Amour. Le moule dans lequel nous étions - sur le plan social ou religieux - était un peu proche d’un carcan. 

Pour autant, je garde un excellent souvenir de toutes ces années passées. J’ai pu retrouver avec joie des anciennes. Je me suis faite des amitiés très solides. 

 

En quoi avoir été à la Perverie vous a aidée pour votre vie d’adulte ? 

Nous étions préparées très jeunes à la prise de responsabilités. Au réfectoire il s’agissait d’assumer son tour de couverts. En classe, de nettoyer le tableau. 

Mais on nous incitait surtout à poser un regard vers le monde et ses besoins. Ainsi qu’à développer une politesse, une empathie pour les autres. 

Scolairement, nous étions dans une stimulation permanente des efforts. Il y avait des bulletins de notes et de discipline réguliers, des remises de Rubans aux meilleures...

Toutes ces bases m'ont permis après, dans ma vie universitaire, professionnelle et de mère de famille, de tenir dans la durée quand il y avait un passage difficile. Car même si nous n'avions plus les tuteurs d'antan nous avons toujours la Vierge à côté de nous

 

Avez-vous une anecdote, un moment que vous n’avez pas oublié à partager avec nous ? 

La neuvaine de pommes de terre avant le 8 Décembre est un souvenir que l’on n’oublie pas. D’ailleurs, avec mes propres enfants, au moment de l'avent ou du Carême j’ai perpétué la tradition de faire une neuvaine du même type pour soutenir un effort. 

Un autre souvenir inoubliable est notre séjour familial avec nos maris à la Trinité des Monts à Rome, quand Mère du Penhoat y était. Avec mes sœurs et nos maris nous avons été accueillies comme des reines dans ce cadre magnifique et sous le regard de Mater Admirabilis.

J’ai le souvenir de visites culturelles et de bons petits repas avec les religieuses qui, petit détail amusant, aimaient beaucoup la Grappa.

 

Quels sont selon vous les nouveaux défis que la Perverie doit relever ? 

J’imagine que le brassage culturel et social parmi les élèves est une évolution notable. C'est un bien si l'écoute de l'autre et le respect de la personne sont maintenus. Mais au vu du nombre, est-ce possible ? Quand je vois le monde d’aujourd’hui, je me dis : que de défis à venir ! J'ai eu la chance de vivre dans une époque moins compliquée.